jeudi 27 novembre 2008

Ghettochip Malfunction (Hell Yes EP)


Alors regarde
Regarde un peu
Tout c'qu'on peut faire
Quand on est deux.
Outre certainement une coquine allusion à la perpétuation de l'espèce, le sympathique parolier et père de cette tranche de lyrisme devait certainement citer avec une finesse toute appréciable l'époustouflant travail du duo d'auteurs un peu dérangés à l'origine de Ghettochip Malfunction (Hell Yes EP) (ou alors je n'ai absolument rien compris).
Remontons un peu aux origines de ce projet avant d'en parler à proprement parler. Un bon soir de Juin, Mark Williams, un jeune homme ambitieux, salarié d'une prestigieuse maison de disques, Interscope Records, choppe tout au fond de ses synapses tremblants ou de ceux de son superbossss une idée mégacouille: Holyhell, engageons genre une paire d'artistes over pas connus genre underground, et filons-leur style un peu de fric pour qu'ils nous remixent deux-trois morceaux de notre Beck-champion national. L'originalité lui frétille dans la boîte à sueur comme un Magicarpe en phase de métastase, et pianissimo il s'empresse d'envoyer un fort joli e-mail plein de bonnes promesses d'avenir à Andy Bollas, leader d'un obscur groupe d'Illinois.
Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'Andy Bollas est un putain de taré; le genre à organiser des combats de coqs le week-end et à se défoncer au sirop pour la toux. Son groupe, 8-bit, est tout bonnement une pure bizarrerie 100% underground, formé de gens qui se réclament gangsta-rappers et qui s'habillent en robots quand il s'agit de monter sur scène. Alors le mec, un peu rebelle toujours bourré, quand il lit ce mail snobinard, il n'hésite pas un instant à s'affirmer comme représentant de la contre-culture des robots et il répond à cet affable bureaucrate d'un simple et copieux "Va te faire mettre".
Mark est certainement un peu déçu, sur le coup, de lire quelque chose d'aussi vindicatif dans sa boîte à courriel; mais sa formation lui a appris à être un battant, un Inner boss, un master de la persévérance, alors il renvoie un second message, softer n softer, et Bollas lui propose une seconde fois d'avoir recours à quelque activité dégoûtante et contre-nature.
Et d'un coup, BAM, Bollas percute que la truite qui lui envoie du miel depuis deux semaines ne travaille pas pour n'importe qui : pour BECK. Champion des champions. Ni une ni deux, il invente une quelconque excuse à Marky et lui et son groupe vont serrer le panard suintant le génie de l'idole de l'indie pop. Un autre foufou, Paza Rahm, ne fait pas trop d'histoires quand on lui demande et vient se coller au projet : Hell Yes EP est né.
C'est charmant toutes ces anecdotes, mais Hell Yes EP, caisse donc ? Prenons Beck. Beck Hansen ou Bek Campbell, comme nous voulons ; le vrai Beck dans toute sa splendeur, de la richesse instrumentale, de la variété de styles et une voix monocorde et ennuyeuse (non, je n'aime pas des masses Beck -à vrai dire, la seule chanson du bonhomme que je connaisse et qui me plaise, c'est Girl). Prenons ça et ne gardons que la voix de Beck. Oui, je sais, triste, hein. Bien. Gardons cette voix telle quelle et ajoutons autour des samplers 8 et 16-bit. Mais si ! Tous ces petits sons qui ont bercé notre jeunesse Nintendo: la musique de Gameboy ! Celle-là même, inimitable, purement électronique, qui berçait avec tendresse format BASIC n'importe quelle bonne partie de n'importe quel jeu digne de ce nom, style Super Mario Land 2 (rah, l'arbre à corbeau !), ou euh, Super Mario Land 2 (et l'automate géant ! Chauds, les 3 porcs, quand même). Bien, maintenant, ces samplers, assemblons-les du style originalement jusqu'à en faire des harmonies richement complexes à en faire péter les beatboxes. Voilà : ça donne quatre chansons.
Oui, bon, il est court, Ghettoship Malfunction; mais c'est normal, il était prévu pour un EP, il est resté un EP. C'est limite dommage qu'il soit aussi court, parce qu'honnêtement -mais ça dépend peut-être de ce que l'auditeur connaît de sa Gameboy-, il est très bon. C'est un peu le concept de l'intro de Girl, justement (la chanson est reprise sur le disque, avec Hell Yes, Que Onda Guero et E-Pro), qui est poussé à l'extrême, et ça fonctionne très très bien. D'ordinaire, je ne suis pas adepte de ce genre de remixes, ou même des remixes en général, mais le fait est que la voix du monsieur s'accorde tout à fait avec le son purement vintage des 8-bit et de Rahm, et surtout Rahm : son boulot sur les deux dernières chansons est à mon goût fichtrement plus original et maîtrisé que celui de ce sacré rebelle d'Andy Bollas. Les mélodies chez lui prennent une complexité et principalement une place à part entière, suffit d'écouter l'intro du remix de Girl, alias Bit Rate Variations in B Flat; le genre de trucs qui donne envie de ressortir ses cartouches pour retrouver d'où viennent tous ces petits sons différents qui sonnent fichtrement familiers. Mais attention, le travail d'8-bit n'est absolument pas à négliger; il est certes un peu plus classique, mais il est très bon, très bien pensé, et les mélanges roulent impecc (même si Gameboy and Homeboy alias Que Onda Guero est un peu faible).
En somme, ouais, un bon quoiqu'un peu frustrant EP, certainement à écouter ne serait-ce qu'une paire de fois pour en apprécier toutes les subtilités, pour peu qu'on soit un minimum fan du genre (et encore faut-il le trouver, j'ai eu un mal fou personnellement). Et puis si vous n'aimez pas, bon, au pire, il vous reste l'éther.
EDIT: Allez, je suis grand prince, merci Google.

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